Les dernières années : M. Kingsley, l’activisme électoral et la censure
Soumis par Ben Isitt, le

La censure et la répression étatique du socialisme radical durant la Première guerre mondiale et l’émergence du Bolchévisme en Russie ont créé, à la fois, des nouveaux défis et des nouvelles occasions pour les activistes tels M. Kingsley. En septembre 1918, le Secrétaire d’État du Canada a interdit la publication du Western Clarion, lorsque les gouvernementaux provincial et fédéral ont profité de la guerre pour faire taire la sédition et la dissension. Bien que le Western Clarion fut rapidement remplacé par le Red Flag pour échapper aux règlements de censure. M. Kingsley saisit l’occasion et, en janvier 1919, il commença la publication de son propre quotidien, le Labor Star.
Malheureusement, le Labor Star ne connut qu’un bref succès. Accablé de problèmes de circulation et de faibles chiffres de vente, il publia sa dernière édition en mars 1919. Ce fut le dernier projet de publication d’envergure auquel M. Kingsley participa. Le Labor Star cherchait à guider vers des fins politiques la classe ouvrière qui devenait de plus en plus radicale, ainsi que les soldats qui revenaient du front, et portait un regard septique sur le mouvement travailliste industriel des grèves générales de Vancouver et de Seattle. Ce journal s’intéressait davantage au socialisme d’une vue d’ensemble, ainsi qu’à la scène mondiale, n’hésitant pas à caractériser la Révolution russe d’événement démocratique et ordonné, analogue même à la révolution politique dont il parlait. Mais compte tenu de l’élan révolutionnaire grandissant dans l’Ouest du Canada qui mena à la Grève générale de Winnipeg et aux grèves de solidarité qui éclatèrent partout au pays plus tard, au printemps, le message de M. Kingsley prônant la retenue et la participation politique n’était pas de l’heure. Les doutes qu’éprouvaient M. Kingsley par rapport aux organismes tels One Big Union (un grand syndicat) ont été, en grande partie, ignorés.
En février 1919, le Vancouver Sun émit des rapports portant sur une « conférence de paix » entre les représentants de la ville, les travailleurs, les socialistes et les soldats qui démontrent ce changement d’attitude. En raison de l’augmentation des activités du mouvement ouvrier et des manifestations de masse, la ville et la province étaient aux prises avec des tensions volatiles. L’élite politique tenta de calmer ces tensions en assurant aux socialistes qu’ils avaient une place dans la vie politique de la communauté, tant qu’ils s’exprimeraient en votant et qu’ils arrêteraient d’inciter la sédition. Mais les paramètres de la dissension sociale de cette époque étaient tels que les anciennes politiques du SPC n’étaient plus d’à-propos. Plusieurs années s’écoulèrent avant qu’un socialisme nettement politique ne gagne en popularité, malheureusement trop tard pour que M. Kingsley puisse en témoigner.
à côté: La contribution de M. Kingsley au paysage politique canadien